C’était il y a 10 ans… Le 1er Juillet 2013, quelques jours avant ses 19 ans, Alizée FRÉCON-DEMOUGE débutait sa carrière professionnelle, dans le club qui lui est si cher, l’ESBF. Quelques mois avant, elle avait paraphé aux côtés de Bernard RACH, alors Président du club, un premier contrat de 2 années à la suite de son parcours au centre de formation. Encore jeune, Alizée a continué de progresser avec l’envie de faire grandir le club et de l’emmener à son plus haut niveau possible. En 2015, elle décidait de continuer l’aventure en rouge et de prolonger son contrat pour trois saisons supplémentaires. La joueuse commençait à prendre de l’expérience et devenir une vraie meneuse du jeu bisontin. En fin de contrat à l’issue de la saison 2017/2018, les dirigeants lui proposaient de porter encore le maillot rouge du club, ce qu’elle accepta avec une prolongation de deux ans supplémentaires.
En 2020, l’aventure ne pouvait s’arrêter en si bon chemin pour cette joueuse devenue presque irremplaçable. Alizée a de nouveau prolongé jusqu’en 2022, mais en Novembre 2021, le club lui a fait la proposition de signé de nouveau 3 ans au club, pour atteindre l’année 2024. S’il lui reste encore une année de contrat à honorer au sein du club, elle fête aujourd’hui ses 10 années de joueuse professionnelle à l’ESBF. Elle est la seule joueuse à détenir cette dizaine en “pro” sous le maillot rouge. Et dire… qu’elle aura 29 ans dans quelques jours et que sa première licence au club, remonte à 24 saisons, en 1999, à l’âge de 5 ans.
Avec Alizée, nous sommes revenus sur ces 10 dernières années…
Il y a 10 ans, le 1er Juillet 2013, ton premier contrat professionnel débutait avec, déjà, une certaine connaissance du monde du handball professionnel. Si on se replonge un peu en arrière, qu’est-ce que tu t’étais dit au moment où ta carrière de joueuse professionnelle débutait ? – ” J’ai toujours été très dure et exigeante envers moi même, il m’a fallu du temps pour accepter d’être fière de moi et me l’avouer. Pour moi, à cette époque c’était juste la suite logique de mon parcours : pôle – centre de formation puis signature de mon premier contrat professionnel. Je prend conscience aujourd’hui avec du recul, combien c’était important et spécial comme moment. C’est d’un côté l’aboutissement d’années de travail et finalement le tout début d’une aventure hyper enrichissante. “
Selon toi, au cours de ces 10 années, quelle joueuse es-tu devenue ? – ” En 10 ans j’ai beaucoup évolué, aujourd’hui avec l’expérience et la maturité j’ai appris à devenir un leader sur le terrain, rôle que je n’avais pas forcément lorsque j’étais jeune. J’aime imposer le rythme d’une rencontre et réfléchir à comment mon équipe peut être la plus performante possible. C’est aussi un des rôles du demi centre et c’est cet aspect du jeu qui m’anime le plus. ”
As-tu l’impression que ces 10 années ont été les mêmes, où bien elles ont chacune été différente ? Quel(s) souvenir(s) en gardes-tu ? – ” Aucune de ces dix dernières années ne se ressemblent. Chaque année, le contexte, l’équipe, les façons de travailler, les coachs et les objectifs sont différents. J’ai des souvenirs par centaine : des victoires, des défaites, une descente, une montée, des maintiens, un titre de D2, un podium, des qualifications en EHF, … “
Et s’il ne fallait dire qu’un seul souvenir, le meilleur à tes yeux, lequel serait-il ? – ” C’est très difficile de ne garder qu’un souvenir, voir impossible. Le titre de championnes de D2 est un moment très important de ma carrière car au delà d’être un titre c’est surtout un tournant pour l’histoire du club. Après avoir joué pendant 3 ans le maintien et être descendu en D2 en 2014, le club a pu se restructurer et jouer les playoffs les années suivantes. Mon premier match en coupe EHF a été également un moment très spécial, on était juste une bande de copines sans expérience, c’était en Norvège, on était toutes trop excitées et impatientes, de vraies enfants. “
Depuis ces 10 dernières années, quel est / quel(s) sont ton/tes rituel(s) avant un match ? – ” Je ne suis absolument pas superstitieuse, pas de rituel d’avant match pour moi ! Au fil des ans j’ai mis en place des routines pour les jours de match mais ce ne sont pas des rituels. “
En 10 ans, de joueuse professionnelle, connais-tu encore ce petit stress avant un match important ? – ” Bien sûr ! J’ai toujours été de nature très stressée et très anxieuse. Avec le temps et l’expérience on apprend à affronter et gérer son stress et non à le faire disparaître. Le stress est nécessaire pour être focus lors d’un match, l’objectif est de réussir à l’apprivoiser pour ne pas qu’il nous paralyse. “
Sous ces 10 dernières années, en tant que joueuse professionnelle, tu as côtoyé trois entraîneurs différents : Camille COMTE, Raphaëlle TERVEL et Sébastien MIZOULE. Que retiens-tu de tous les apprentissages qu’ils ont pu te donner ? Un souvenir, une anecdote avec chacun d’entre eux ? – ” J’ajouterai également Florence SAUVAL, je l’ai eu en tant que coach juste avant de devenir professionnel, donc elle a une part importante dans le tournant de ma carrière. J’ai de très bons souvenirs avec chacun de ces 4 coachs :
- Florence SAUVAL : C’est la première à m’avoir donné ma chance en première division et pour cela je ne la remercierais jamais assez. Elle m’a appris à être rigoureuse et m’a montré malgré mon jeune âge que j’étais capable d’apporter au collectif. C’est une personne que j’apprécie énormément.
- Camille COMTE, l’ancien adjoint de Florence, a repris l’équipe et nous avons vécu une première année très difficile ou nous sommes descendus en deuxième division, puis une année suivante incroyable avec le titre et une remontée en première division.
- C’est avec Raphaëlle TERVEL et Sandrine MARIOT que j’ai passé le plus de temps. J’ai énormément appris et pris en expérience lorsqu’elles étaient à la tête de l’équipe. Je pense que j’étais une jeune joueuse quand elles sont arrivées et une joueuse d’expérience quand elles sont reparties. J’ai découvert avec elles les playoffs et la coupe d’Europe, elles m’ont vraiment permis de passer un cap dans ma carrière.
- Sébastien MIZOULE a repris l’équipe à son tour et nous avons passé peu de temps ensemble ces deux dernières années à cause de mes blessures. Il m’a énormément soutenu durant ma convalescence et je le remercie. Aujourd’hui, il m’apprend à être la plus régulière et la plus juste possible dans mon jeu.
Ils ont tous joué un rôle différent dans ma carrière et m’ont permis d’être la joueuse que je suis aujourd’hui. “
Ces 10 dernières années, as-tu rencontré des difficultés particulières ? Si oui, lesquelles ? Comment les as-tu traversées ? – ” Bien sur, une carrière de sportive est remplie de hauts et de bas. Les moments les plus difficiles ont été mes blessures. Ces périodes sont très compliquées à vivre car elles sont remplies de doutes et de remises en questions permanentes. Je remercie encore une fois les kinés et les préparateurs physiques qui m’ont aidé à les traverser et qui continuent à m’accompagner au quotidien. “
Tu portes la même couleur de maillot depuis tes 5 ans, celle de l’ESBF, quelle place tient le handball dans ta vie et plus particulièrement le club de l’ESBF ? – ” Le handball tient une énorme place dans ma vie, c’est une passion qui est devenu mon métier et j’ai conscience de la chance que j’ai. Le fait de venir d’une famille de handballeurs rend la chose encore plus vraie. C’est une réelle histoire d’amour familiale. J’ai une pensée particulière pour mes grands parents, Michel et Colette Demouge. “
Tu es une petite fille, une jeune fille et une femme de l’ESBF. Tu es la seule à avoir ce parcours depuis 24 saisons. Est-ce un honneur pour toi d’avoir gravi tous les échelons à Besançon et de n’avoir jamais quitter le navire ? – ” C’est en effet un honneur d’avoir pu jouer pour l’ESBF toutes ces années et je suis fière d’avoir grandi ici dans ce club historique du handball féminin français. Je suis heureuse d’avoir partagé ces 24 années avec les personnes qui œuvrent chaque jour pour que l’ESBF avance, grandisse et gagne. J’adore ma ville et l’ambiance du palais des sports.”
Quelles sont les personnes qui ont été les plus importantes et qui t’ont toujours soutenu à travers ces 10 dernières années ? – ” Toute ma famille ! Plus particulièrement mes parents qui ont toujours été derrière moi, j’ai toujours pu échanger avec eux et me confier. C’était parfois dur à la maison, car le handball prenait beaucoup de place, mais ils m’ont soutenu au quotidien et m’ont aidé dans les moments très difficiles. Ils m’ont transmis de belles valeurs et je les remercie. Il y a aussi ma sœur, Romane, avec qui j’entretien une relation très fusionnelle. Je lui téléphone en cas de coup de mou ou en cas de doute, et c’est la première que j’appelle également après une victoire. Elle est toujours présente à n’importe quel moment et à n’importe quelle heure. Pour finir, mes amis, j’ai toujours été très bien entourée et j’en suis très reconnaissante. “
Comment vois-tu ton rôle de modèle auprès des jeunes joueuses qui aspirent à devenir demi-centre professionnelle un jour ? – ” C’est toujours difficile de se dire qu’on peut être le modèle de quelqu’un. Si c’est le cas, j’espère que ces petites filles handballeuses poursuivront leurs rêves, qu’elles se donneront les moyens de réussir et qu’elles ne renonceront jamais. “
Enfin, dans 10 ans, tu te vois où ? Comment envisages-tu ton avenir quand tu auras décidé de ranger tes baskets de joueuse professionnelle au placard ? – ” Je suis très mauvaise pour me projeter dans l’avenir, donc impossible pour moi de dire où je serais dans 10 ans. Mais, je suis sûre que je serais heureuse et entourée des gens que j’aime. “
Nous avons demandé à Alizée, de nous citer les personnes avec qui elle a partagé ses 10 dernières années :
- La meilleure joueuse avec qui tu as joué : Chloé VALENTINI
- Les plus drôles : Camille AOUSTIN (et Lucie GRANIER, sinon elle va faire la tête)
- Les plus calmes : Kiara TSHIMANGA, Apolline FEUVRIER et Maria Nuñez
- Les plus mauvaises perdantes : Alice BARRÈS, Pauline ROBERT et Laurence BRAME – ça doit être un problème de pivots..
- Les meilleures aux penaltys : Marine DUPUIS et Sabrina ZAZAÏ – C’est très difficile de départager l’incroyable efficacité de Marine et la technique de Sabrina.
- Les plus organisées : Amanda KOLCZYNSKI, Alice LÉVÊQUE et Clarisse MAIROT – S’il te manque quelque chose en déplacement, il faut se tourner vers elles.
- La plus guerrière sur un terrain : Je n’ai joué qu’avec des guerrières.
- Les plus ponctuelles : Natalia NOSEK (elle arrive 30 minutes en avance pour chaque rendez-vous. Sachant, que nous sommes convoquées 15 minutes avant chaque rendez-vous..) et Lara GONZALES.
- Les plus rapides en course : Chloé VALENTINI et Juliette FAURE.
- Celle qui a mis le plus d’ambiance dans le vestiaire : Impossible de n’en choisir qu’une !
Alizée FRECON-DEMOUGE est aujourd’hui l’emblème phare du club bisontin. Son nom rayonne dans les tribunes du Palais des Sports et en dehors. Elle a su, à travers toutes ces années, par sa lecture de jeu et sa technicité porter grandement l’ESBF vers le plus haut-niveau et les épopées européennes. Non épargnée par les blessures ces deux dernières saisons, elle a su redoubler d’efforts pour rebondir et être toujours Maestro du jeu ! Pour toutes ces années, d’efforts et de sacrifices, bravo Alizée !